Ce que j’ai toujours aimé dans l’aïkido, c’est qu’il n’y a pas deux personnes qui ont la même pratique. Parfois des styles se rapprochent mais à partir d’un certain niveau, des nuances apparaissent, traduisant la compréhension particulière de l’aïkido par rapport à un individu, à son vécu, à sa morphologie et à ses sensations.

On peut bien sûr parler des grands maîtres dans la diversité des pratiques. Quand je compare mentalement les quelques Senseï qui me viennent à l’esprit comme Sugano, Tissier, Osawa, Endo, Yasuno, et d’autres Senseï plus proches de nous que vous avez déjà eu l’occasion de voir et de revoir en stages et au cours… Je pense que même des néophytes de l’aïkido verraient clairement des nuances dans leur manière d’aborder l’aïkido et de le transmettre.

Pour ma part, je suis chaque fois émerveillé de voir à quel point l’aïkido peut-être riche passant tantôt d’un travail en puissance et parfois dans l’extrême souplesse avec toutes les nuances possibles entre les deux. Parfois l’aïkido peut être très technique et parfois uniquement basé sur le ressenti. Parfois l’aïkido nous est présenté de manière très cognitive avec de grandes explications techniques et historiques et parfois on est soumis à toute la philosophie que cet art véhicule avec ses grandes questions et l’absence de réponse. N’est-ce pas merveilleux ?

Malheureusement, il arrive que des personnes ne sachent pas apprécier tout cette diversité qu’apporte l’aïkido. C’est dommage…
Pourquoi ? Pour ma part, je pense que faire ce qu’on sait déjà faire est un bon exercice, sans doute utile pour peaufiner sa technique et, en même temps, c’est confortable et donc tellement agréable. C’est un peu comme si pour aller d’un point « A » à un point « F », j’empruntais toujours le même chemin. (Et c’est un peu ce que la plupart des gens font, non?)

Et même si parfois, quand il y a des bouchons par exemple, il peut être utile de changer de chemin, il y a toujours ces gens qui, quoi qu’il arrive, même s’il y a des bouchons abominables, restent dans la file… Parce que c’est le seul chemin qu’ils connaissent et que s’aventurer en dehors de ce seul chemin est vraiment inconfortable pour eux.
Parfois, même avec un copilote compétent qui connait tous les petits chemins, cette peur persiste. Et d’ailleurs, c’est là qu’on comprend que parfois il est plus utile d’avoir un copilote rassurant qu’un copilote compétent car il sera sans doute plus apte à nous faire sortir de notre zone de confort.
Et puis il y a ces extraterrestres, ces personnes qui prennent un autre chemin par simple curiosité ou pour le plaisir de la ballade. Je trouve ça original comme idée ! Et parfois en faisant ça on remarque un chemin particulièrement intéressant soit parce que c’est plus court, parce que c’est plus beau, plus fluide ou encore simplement différent. Parce que en fait pour aller d’un point A à un point « F », il n’y a pas qu’un seul chemin et encore moins un bon chemin… Tout dépend de nous, de ce qu’on recherche sur le moment mais pour ma part je suis persuadé que tous les chemins, en plus de mener à Rome, ont quelques chose à nous apprendre.

Et déjà là pour celles et ceux qui se demande mais pourquoi un point « F » et pas un point « B »… Peut-être que mentalement, vous êtes aussi en train de faire le chemin que vous avez l’habitude de prendre. Et c’est naturel… « On a toujours fait comme ça! » Et en même temps c’est sans doute une preuve de notre rigidité mentale, n’est-ce pas? A quoi ressemblerait notre monde, votre vie et vos Iphones si tous étaient restés sur cette idée que : « On a toujours fait comme ça et ça fonctionne très bien comme ça! » ?

Revenons en quelques instants à l’aïkido. Parfois j’entends des gens dire je n’aime pas tel professeur ou tel aïkido… Souvent c’est lié au fait que l’aïkido proposé par cette personne est assez différent de ce qu’ils ont « l’habitude » de faire. Cela génère par conséquent de la confusion et donc de l’inconfort comme notre conducteur de tout à l’heure.
L’inconfort en Aïkido
D’ailleurs, quand on y pense c’est drôle que la confusion provoque chez nous de l’inconfort alors qu’elle est une étape essentielle de n’importe quel apprentissage. Repenser à votre premier cours d’aïkido où vous avez découvert vos premières techniques. Pour la plupart des gens, cette prise de conscience, du fait qu’on ne connait pas quelque chose, génère un certain inconfort et surtout une irrésistible envie d’apprendre. Par conséquent on pourrait dire que sans confusion, on ne se rend pas compte que quelque chose ne va pas. Sans confusion, il n’y a pas de remise en question. Sans confusion, il n’y a pas d’apprentissage. Sans confusion… on fait comme on a toujours fait…
Face à cette confusion, deux choix s’offre à nous : la fuite ou l’adaptation. Selon Charles Darwin, l’adaptation est la clef de notre survie. Ce n’est donc pas l’espèce la plus forte qui survie mais bien celle qui s’adapte le mieux à son milieu.
En conclusion, je vous propose une question : comment serait votre vie si au lieu de vous poser la question « Est-ce que j’aime ou non cette aïkido ? » vous vous posiez la question « Qu’est-ce que cet aïkido a à m’apporter ? » ?
Bonjour,
Voilà un article comme je les aime: une invitation à la réflexion voire à une remise en question à plus long terme.
Pour répondre à la dernière question, depuis quelques années je recherche ce qu’une autre pratique peut m’apporter, ce que je peux y «voler»
Bonne continuation